Le Grand Jojo s’est éteint dans la nuit à l’âge de 85 ans

BRUXELLES 01/12/2021 03:43 (BELGA) 

Le chanteur bruxellois Le Grand Jojo est décédé le 1er décembre 2021 à l’âge de 85 ans des suites d’une longue maladie. Il avait annoncé en juin dernier prendre sa retraite après une longue carrière musicale débutée à la fin des années soixante. Son répertoire d’ambiance comprend de multiples titres emblématiques, tels que « On a soif », « Jules César » et surtout « E viva Mexico », qui ont marqué la culture populaire belge. 

 

C’est à la maternité d’Ixelles que Jules Jean Vanobbergen fait pour la première fois entendre le son de sa voix le 6 juillet 1936. À l’âge de trois ans, il effectue sa première prestation en public au Derby, bistrot de Koekelberg, en interprétant « J’attendrai » de Rina Ketty, raconte-t-il dans sa biographie parue en 2015. Lorsque la guerre éclate, son père se réfugie en zone libre, à Bordeaux. Le petit Jean est alors confié à son grand-père maternel, Jules Van Eeckhout, à Koekelberg. Son enfance et son adolescence, Jules Jean les passe à Molenbeek, entre les amis, le sport et le cinéma.

 

À seize ans, il quitte l’école pour entrer à l’académie, voulant devenir peintre. Il effectue son service militaire d’abord à la base aérienne de Florennes, où il est membre du premier orchestre de chambre de l’armée en tant que batteur, puis à Zeelik. Avant de devenir le Grand Jojo, « Lange Jojo » en néerlandais, et l’auteur de multiples chansons d’ambiance, l’homme à la moustache a également eu d’autres emplois à son actif. Engagé dans un magasin d’électroménager au milieu des années ’50 comme étalagiste, il est finalement muté au rayon disques de jazz, en tant que spécialiste, grâce à ses connaissances en la matière.

 

Il travaillera ensuite chez National Music, la société qui gère en Belgique la marque de juke-box Würlitzer, en charge de la programmation de ces machines, raconte-t-il encore dans sa biographie. Sa propre carrière musicale débute à la fin des années soixante, avec l’envie d’écrire des chansons « pour faire la fête », un pari réussi.

 

Le premier 45 tours du Grand Jojo – surnom qui lui vient de ses années d’écolier à Koekelberg – et compagnie sort en 1969 chez Olympia, et sera rapidement suivi d’un deuxième opus. Sa popularité est lancée. Dès les années ’70, il sort ses chansons sous le label Vogue Belgique, le même qu’un certain Johnny Hallyday notamment… Il y rencontrera aussi un fidèle ami: Claude Barzotti. Son premier 45 tours avec Vogue, qui comprend le titre « Don Juan », est un réel succès. S’ensuivent des titres comme « Le French Cancan » (1973), premier véritable tube de « Lange Jojo » en Flandre et « Victor le footballiste » (1974).

 

En 1978, Lou Depryck débarque également chez Vogue. Le début d’une belle amitié, puisque Lou deviendra en même un temps son producteur. Parmi ses premiers titres figure encore « Le Tango du Congo », sorti en 1972. Ont suivi notamment les plus que célèbres « Jules César » et « On a soif ». « E viva Mexico », sorti en 1986 à l’occasion de l’épopée des Diables Rouges à la Coupe du Monde au Mexique reste l’un de ses tubes incontournables. Le titre est depuis devenu un hymne sportif repris dans 50 pays.

 

On a également pu entendre la chanson lors de la chute du Mur de Berlin ou encore dans des films avec Clint Eastwood ou Gene Hackman, confiait encore le chanteur lors de la présentation de sa chanson de la Coupe du Monde 2014, « Viva Brasil ». Le 11 mai 1998 Jules Jean Vanobbergen fut aussi nommé Chevalier dans l’ordre de Léopold en mai 1998. Son Best of, sorti en 2012, offre un coup d’oeil sur l’ensemble de sa carrière. Le 20 juillet 2015, à 79 ans, Le Grand Jojo faisait son retour au Bal National dans les Marolles, après plusieurs années d’absence, accompagné de son orchestre, en mettant à nouveau le feu avec quasi l’ensemble de son répertoire. Sa biographie, « Tout va très bien », a été publiée en octobre 2015.

 

En 2018, après que l’Union belge de Football a désavoué Damso, le Grand Jojo sort son propre hymne, « Goal Goal Gooaal », pour soutenir les Diables Rouges lors du mondial de foot en Russie. L’année suivante, le chanteur inaugure son propre musée à Boussu-Lez-Walcourt dans la province de Hainaut, en présence notamment de Frédéric François et Claude Barzotti. Son ami Cyril Forthomme, archiviste et gestionnaire de ce musée, a confirmé le décès de l’icône populaire la nuit du mercredi 1er décembre 2021 des suites d’une longue maladie.

 

« Son souvenir restera grâce à ses chansons qui continueront à être diffusées pour chanter, pour danser, pour faire la fête et pour apporter de la bonne humeur. C’est toute la force des chansons populaires », lui a-t-il rendu hommage.