Jeu de chaises musicales au Parlement flamand
Au centre de la discorde : les places ! La N-VA voulait s’installer au centre de l’hémicycle, pour bien montrer qu’elle était au centre du jeu politique de la Région. Mais voilà, impossible de s’entendre avec le CD&V et l’Open VLD, qui refusent de changer de place et de s’asseoir à côté du Vlaams Belang!
Une histoire qui illustre bien le blocage politique chez nos voisins du nord. La Flandre est toujours sans gouvernement depuis les dernières élections. La N-VA a d’abord cru qu’elle pouvait faire quelque chose avec le Belang, en espérant ensuite y rallier un des autres partis de centre droit. Mais ni le CD&V ni le Open VLD n’ont voulu rompre le cordon sanitaire. Du coup, le parti de Bart de Wever a tenté de refaire la « suédoise » avec les chrétiens-démocrates et les libéraux. Tenté. Mais ils n’y parviennent pas, car, après un exercice compliqué du pouvoir au sein du gouvernement fédéral Michel, les relations entre les différents partis sont exécrables, notamment entre N-VA et CD&V qui ne savent pas se voir en peinture, et qui sont en quelque sorte dans un « mariage forcé ».
Car si la Région va bien, le monde politique flamand lui, se porte mal.
Paradoxe : la Flandre aligne les succès, beaucoup de pays citent l’économie flamande en modèle, son enseignement est brillant, l’on vient de tous les coins du monde pour étudier à la VUB ou la KUL . Gouverner cette région devrait être simple. Il ne l’est pas. Car les partis politiques flamands sont malades.
Il y a le CD&V divisé entre Belgicains et séparatistes. Qui se cherche depuis les années Leterme. Il a offert le nid à la N-VA, et précipité son parti dans la chute.
Il y a le VLD, qui possédait une machine a voix avec Guy Verhofstadt, qui l’a perdue, et ne s’en est jamais vraiment remis, même si chacun reconnaît les qualités gestionnaires des libéraux flamands.
Il y a le Sp.a qui s’enfonce élection après élection, ne perce pas autant qu’annoncé et manque cruellement d’une vraie figure de proue, et Groen ! qui ne perce pas, en tout cas qui ne parvient pas à placer l’enjeu climatique aussi fort qu’en Wallonie.
La NV-A dans tout cette histoire ne semble plus aussi sereine. Car le parti nationaliste s’est toujours présenté comme le parti qui va renverser la table, un parti de changement, et là, elle se rend compte que, finalement, elle va s’embourgeoiser, devenir un parti comme un autre. Et cela l’inquiète.
Tout cela risque de ne faire qu’un seul vainqueur : le Vlaams Belang. C’est en cela que ce qui se passe en Flandre, qui nous parait lointain, doit nous inquiéter.