Caroline Désir fût (dans cet ordre) députée, membre de la Commission Éducation de la Fédération Wallonie Bruxelles, chef de groupe socialiste au Parlement bruxellois et échevine de l’Enseignement à Ixelles. Aujourd’hui ministre de l’Enseignement, les nombreuses rencontres avec enseignants et directions d’école lui ont permis de voir la mise en pratique de plusieurs idées initiées au Parlement.
Ce qui en ressort : l’enseignement obligatoire (au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles) ce sont 100.000 enseignants et Caroline Désir pense que ceux-ci ont envie de parler d’enseignement eux-mêmes, pas qu’on en parle à leur place.
La priorité : la lutte contre les inégalités. Au programme de son mandat, on retrouve 6 points :
- Le tronc commun
Tandis que le MR a toujours été plus favorable à une orientation plus précoce des élèves parce que certains auraient des vocations précoces, le PS, lui, n’est pas d’accord. Dans les systèmes où on oriente trop vite, il y a beaucoup plus d’inégalité scolaire. Résultat : on ne touche pas au tronc commun jusqu’à quinze ans. Cependant, il a été concédé que des doses d’activités orientantes puissent être introduites. Le tronc commun c’est, pour tous les élèves, la possibilité de toucher aux matières techniques et artistiques en plus des autres matières, et d’être suivi individuellement.
- Le décret Inscriptions
Le décret Inscriptions va disparaître. Quelques dizaines d’enfants ne sont toujours pas inscrits en première secondaire. On pourrait se diriger dans le futur vers un système de quota de mixité obligatoire. Mais le constat est là : il y a des endroits où l’inscription en secondaire ne pose aucun problème. Autre certitude : le système en place est trop complexe. Caroline Désir affirme que “Le travail doit continuer pour créer des places et des écoles en plus, et pour rendre attractives les écoles qui ne le sont pas. Il y a une chose dont on ne parle pas assez. Toutes les écoles font de l’enseignement général en première et deuxième secondaires. Mais certaines ne proposent, à partir de la troisième, que l’enseignement technique. Les élèves qui commencent leurs secondaires ne veulent pas s’y inscrire. On se retrouve alors avec des centaines de places dites libres. Il faut réorganiser tout cela.”
- En classe dès 3 ans
La grande majorité des très jeunes enfants sont scolarisés mais il y a un réel problème avec les élèves de milieux défavorisés : Sans obligation, leur présence est très aléatoire. Or, ce sont ces enfants-là qui ont le plus besoin d’une scolarité régulière pour acquérir la langue qu’ils ne parlent pas toujours, mais aussi les codes de l’école. D’après Caroline Désir, c’est donc un vrai enjeu social.
Qui dit “plus d’enfants” dit “obligation de réfléchir davantage à la taille des classes, c’est-à-dire aussi aux locaux et aux écoles disponibles ».
- Refonte du calendrier scolaire
Suivant la déclaration de politique de Caroline Désir, pour mieux répondre aux besoins des tout jeunes, il est question de modifier leurs horaires. Une réflexion est engrangée autour des rythmes des élèves. La refonte du calendrier scolaire est sur la table, avec une meilleure alternance entre les périodes d’école et de congé, et sans tabou concernant l’organisation de la journée d’école. On sait de plus en plus de choses sur les rythmes chronobiologiques humains : il faut s’en servir.
- Histoire coloniale au programme
La réforme de l’enseignement de l’histoire coloniale belge en Afrique fait partie des priorités de mme la Ministre, plus particulièrement au Congo. “Le temps est venu, dit-elle, de faire la paix avec notre histoire coloniale, d’assumer l’histoire de notre pays dans tous ses aspects. Il y a une réelle volonté politique d’y arriver. Comme Ixelloise, j’ai vécu les demandes des associations de créer une place Patrice Lumumba. C’était politiquement très compliqué. Je ne mesurais pas l’intensité avec laquelle ce sujet est encore vécu. Il existe toute une diaspora congolaise qui n’est pas en paix avec cela. L’histoire coloniale belge doit être enseignée.”
- Dossier d’accompagnement des élèves
Non pas pour stigmatiser les élèves en difficultés mais pour identifier celles-ci, s’en occuper au plus vite et en laisser une trace pour viser un suivi cohérent tout au long de la scolarité avec, comme objectif final, la lutte contre le redoublement.